Location meublée et TVA : ce que vous devez savoir

1,7 million de logements meublés, mais seulement une poignée de bailleurs qui maîtrisent réellement les arcanes de la TVA. La disproportion saute aux yeux, et pour cause : le labyrinthe fiscal réserve bien des surprises à qui s’y aventure sans boussole.

Une lecture superficielle des règles peut coûter cher : redressements, pertes d’avantages, stress inutile. Le LMNP, souvent vendu comme une opportunité sans nuage, cache en réalité des exigences bien précises dès que la TVA s’invite dans l’équation.

Location meublée non professionnelle et TVA : comprendre les bases essentielles

Le régime de la location meublée non professionnelle (LMNP) relève d’un dispositif fiscal assez particulier, structuré par le Code général des impôts, surtout l’article 261 D, 4°. Le principe, limpide au départ : si aucun service de type hôtelier n’est proposé, pas de TVA à facturer. Louer un bien déjà équipé, sans ajouter de prestations supplémentaires, suffit pour rester en dehors du champ de cette taxe.

Mais la simplicité vole en éclat dès que la franchise en base de TVA, prévue à l’article 293 B du CGI, entre en jeu. Si votre chiffre d’affaires annuel reste sous un certain seuil, la TVA ne s’applique pas. Ni collecte, ni déclaration spécifique à faire. Ce seuil, toutefois, évolue au gré des mises à jour réglementaires : vérifier régulièrement la limite vous évite de la franchir à votre insu.

En réalité, deux groupes de loueurs partagent le terrain : les LMNP d’un côté, les LMP (loueurs en meublé professionnel) de l’autre. Cependant, la distinction fiscale se joue non sur le statut, mais sur la nature des services proposés. La législation oppose la location meublée basique, exonérée, à celle s’apparentant plus à l’hôtellerie, assujettie à la TVA.

Pour éclairer ce fonctionnement, voici les deux scenarii principaux :

  • Exonération de TVA : location meublée dite classique, sans ajout de services para-hôteliers.
  • Assujettissement à la TVA : location qui inclut au moins trois services parmi le petit-déjeuner, le ménage régulier, la fourniture de linge ou la réception de la clientèle.

En-dessous du seuil, la franchise fonctionne sans formalité. Si vous dépassez la limite, passage obligatoire au régime réel, déclaration du chiffre d’affaires à effectuer, et TVA à collecter. Ce point fait souvent la différence, modifiant la donne fiscale ou le rendement d’une opération.

Dans quels cas la location meublée est-elle soumise à la TVA ?

En théorie, la location meublée échappe à la TVA. Pourtant, il suffit de proposer certains services, et la fiscalité bascule. Ce n’est ni le statut LMNP, ni LMP qui prévaut ici, mais le concret des prestations offertes au locataire.

L’article 261 D, 4° du CGI détaille précisément la règle : si le bailleur propose au moins trois des quatre prestations para-hôtelières listées ci-dessous, il doit facturer la TVA.

  • service de petit-déjeuner
  • nettoyage régulier des locaux
  • fourniture de linge de maison
  • réception de la clientèle, y compris de façon simplifiée

En revanche, remettre les clés, faire le ménage uniquement entre deux séjours ou déposer le linge une seule fois à l’arrivée laisse le bailleur dans le régime d’exonération. L’occasionnel ne change pas la donne.

Pour les résidences de services (résidences de tourisme, EHPAD, foyers étudiants, maisons de retraite), la soumission à la TVA se rencontre fréquemment, à condition de satisfaire aux exigences de prestations. La loi de finances 2024 et la jurisprudence ont encore clarifié la notion de concurrence avec l’hôtellerie, s’inspirant désormais de la directive européenne.

Concernant le taux de TVA, il se module : 10 % pour la location agrémentée de prestations para-hôtelières, 5,5 % pour certains établissements du champ social, et 20 % pour certains services annexes. Encore une fois, le seuil de chiffre d’affaires reste le point de bascule pour déterminer si vous restez sous le régime de la franchise en base ou non.

Quels droits et obligations pour le bailleur face à la TVA ?

Se retrouver assujetti à la TVA transforme radicalement la gestion de la location. Le choix d’un régime permettant la récupération de la taxe offre la possibilité de déduire la TVA sur l’acquisition, le mobilier ou encore les travaux. Ce mécanisme, séduisant sur le papier, oblige en contrepartie à conserver le bien au moins 20 ans en location para-hôtelière. Toute revente anticipée entraîne le reversement d’une fraction de la TVA, selon la durée de détention effective.

L’aspect administratif s’épaissit : la simple déclaration de revenus ne suffit plus. Il vous faudra demander un numéro de TVA auprès des services fiscaux, puis choisir le régime de déclaration le mieux adapté :

  • le régime réel simplifié (déclaration annuelle CA12),
  • le régime réel normal (déclarations mensuelles CA3),
  • ou bien le mini-réel pour ceux qui privilégient l’allègement administratif.

La franchise en base de TVA, mentionnée à l’article 293 B du CGI, met le bailleur à l’abri, tant que le chiffre d’affaires ne dépasse pas le seuil. Au-delà, la collecte et la déclaration s’imposent immédiatement.

Point non négligeable : la CFE (cotisation foncière des entreprises) concerne toute activité de location meublée hormis rares exceptions. Dans le cas d’un bien exploité en résidence de services, la durée minimale de neuf ans pour le bail commercial conditionne la sécurisation de la récupération de TVA.

Jeune femme en bureau immobilier remet clés et contrat

Ressources utiles et conseils pour sécuriser votre démarche

La législation entourant la location meublée soumise à TVA évolue sans cesse et ne laisse pas de place à la négligence. Les fondamentaux ? L’article 261 D, 4° du CGI pour connaître les situations d’exonération ou d’assujettissement, et l’article 293 B qui définit la franchise en base. La loi de finances 2024 a encore précisé certains points, au même titre que les récentes positions de l’administration fiscale.

Pour éviter tout faux pas, rien ne vaut un passage par un notaire ou un expert-comptable qui maîtrise la fiscalité immobilière. Ce type de conseil s’avère précieux autant pour la rédaction du bail commercial que pour choisir le bon régime, anticiper la récupération de la TVA, voire organiser la sortie du dispositif en cas de revente anticipée.

Du côté des plateformes de location en ligne, l’obligation d’information fiscale à destination des bailleurs est désormais imposée. Cette évolution aide notamment ceux qui jonglent entre plusieurs régimes (LMNP, LMP, gestion propre ou via un mandataire). Les alertes et rappels transmis sont appuyés sur la réglementation officielle : ne les prenez pas à la légère.

Pour aller plus loin et préparer au mieux votre gestion, plusieurs ressources méritent une attention particulière :

  • les outils et fiches pratiques proposés par les services fiscaux,
  • les webinaires dédiés à la fiscalité immobilière,
  • les guides publiés par les professionnels du notariat ou de la comptabilité.

Rien n’est laissé au hasard dans une déclaration de TVA. Toute pièce justificative doit être prête, chaque opération anticipée, un audit réalisé en amont par un spécialiste permet de limiter les risques. Dans un contexte fiscal mouvant, seuls lucidité et anticipation garantissent que la rentabilité, et la tranquillité, restent entre vos mains.

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